SPARTACUS

SPARTACUS
SPARTACUS

Spartacus, l’esclave gladiateur devenu chef des armées des parias révoltés, tenant en échec Rome pendant près de deux ans, a profondément marqué les hommes de l’Antiquité. Des révoltés contemporains ont repris son exemple et son nom pour leurs entreprises révolutionnaires. En fait, le génie de Spartacus ne suffisait pas pour donner à des bandes disparates l’organisation et le programme d’action nécessaires pour ébranler durablement l’État romain: malgré son ampleur et ses succès spectaculaires en ses débuts, cette révolte était vouée à l’échec, comme celles qui la précédèrent.

L’apogée de l’esclavage et les grandes révoltes

L’esclavage antique était le fruit normal de la guerre, car le prisonnier de guerre devenait le plus souvent esclave. À partir du IIe siècle avant J.-C., le nombre des esclaves augmenta considérablement en Italie, à cause des guerres de conquête. Les sources évoquent un immense bétail humain: 150 000 Épirotes asservis par Paul Émile en 167, 50 000 Carthaginois mis à l’encan par Scipion Émilien en 146. Les razzias des pirates alimentaient également le marché. Ces masses serviles étaient acquises par des propriétaires fonciers qui les utilisaient comme ouvriers agricoles, bergers ou ouvriers dans les ateliers. Les plus favorisés étaient domestiques dans les demeures urbaines. Seule la terreur et une implacable discipline pouvaient maintenir dans la soumission et la résignation ces masses d’étrangers asservis et transplantés. L’extrême diversité de leurs origines ethniques explique également leur peu d’aptitude à s’unir dans des révoltes. Il y en eut cependant, en 198 et en 185, mais elles furent aisément écrasées dans le sang.

La concentration de très nombreux esclaves sur les immenses latifundia qui se constituaient en Sicile et en Italie du Sud allait permettre cependant de grands mouvements de révolte. Dans la seconde moitié du IIe siècle avant J.-C., la Sicile fut agitée de façon endémique par des mutineries serviles. En 135, ce fut une véritable guerre qui éclata: l’esclave Eunous le Syrien souleva et arma des milliers de ses compagnons et prit le titre de roi. Il fallut de longues opérations militaires pour en venir à bout en 132. En 104, une seconde guerre servile eut lieu en Sicile: Salvius Tryphon et Athenion armèrent 40 000 esclaves et ravagèrent toute l’île; ce n’est qu’en 101 que les Romains purent mater les dernières bandes et envoyer les survivants nourrir les fauves aux jeux de la Ville.

La guerre de Spartacus: les succès des esclaves en 73 et 72

La révolte de Spartacus fut la plus grave des guerres serviles. À son origine se trouve une forme particulièrement abjecte d’esclavage: la gladiature. Vieille tradition religieuse étrusque, le munus , combat public d’hommes armés, avait été offert dans la Rome avant la conquête, mais de loin en loin. Au Ier siècle avant J.-C., il est le spectacle favori de la foule, dans la Ville et dans les cités italiennes. Les lanistes acquéraient et entraînaient des esclaves robustes qui devaient passionner les foules sanguinaires par le spectacle de leurs combats et de leur mort dans l’amphithéâtre. Au début de l’été 73, à Capoue, l’un d’eux, Spartacus, incita ses compagnons à l’évasion et à la révolte. C’était un berger thrace herculéen; soldat auxiliaire dans l’armée romaine, il déserta, fut repris et asservi, réservé pour la gladiature. Soixante-treize gladiateurs s’enfuirent avec lui; ils pillèrent des armes, dispersèrent la police de Capoue et se retranchèrent sur les pentes du Vésuve.

Rome envoya contre eux le propréteur Claudius Glaber avec 3 000 hommes; or Spartacus vit affluer des milliers d’esclaves venus le rejoindre, des gladiateurs, mais aussi les bergers des domaines voisins. À plusieurs reprises, les assiégeants romains furent battus avec leurs chefs, Glaber et le préteur P. Varonius. À l’automne, Spartacus commande 40 000 hommes, occupe la Campanie. Des foules de déshérités rallient son camp; toute l’Italie du Sud est pillée. Ces violences et ces maraudes n’étaient pas le but de Spartacus. Fort intelligent, il comprenait que ses succès en Italie seraient difficilement durables: il voulait entraîner les esclaves vers le nord, franchir les Alpes et, hors de l’Empire romain, assurer à ses hommes le retour dans leurs patries. Laissant dans la péninsule 10 000 révoltés commandés par Crixos, qui voulaient continuer le pillage, il partit vers le nord.

En 72, le consul Publicola put facilement, au mont Gargano, écraser et massacrer Crixos et ses hommes. Mais, dans les Abruzzes, les deux consuls Publicola et Clodianus furent complètement défaits par Spartacus, au faîte de sa puissance. Sur son ordre, quatre cents prisonniers romains furent contraints de s’entretuer en un gigantesque combat de gladiateurs.

Durant l’été de 72, Spartacus entreprit son exode vers le nord; il parvint jusqu’au Pô, ayant balayé une autre armée romaine. Là, sans qu’on puisse bien expliquer cette volte-face (impossibilité de franchir le fleuve, crainte d’une bataille rangée en plaine?), il rebroussa chemin et revint vers le sud. De nouveau, les consuls furent battus à plate couture dans la péninsule.

Crassus et la fin de Spartacus

À Rome, de plus en plus isolée dans une Italie où des dizaines de milliers d’esclaves révoltés réduisaient à néant toute sécurité, l’angoisse, la peur de la famine montaient. Le Sénat destitua les consuls de leur commandement et confia un imperium absolu au préteur Crassus, magnat richissime qui n’avait cessé d’accroître son immense fortune dans des tractations peu honnêtes. Il était le parfait représentant des grands propriétaires de la noblesse romaine, les maîtres des troupeaux serviles. Il recruta et arma 50 000 hommes, dont 30 000 à ses frais, et il prit l’offensive à l’automne 72. Spartacus et les siens furent investis dans l’isthme de Reggio de Calabre, la pointe de la botte. Cependant, en février 71, Spartacus parvint à forcer le blocus. Déjà, plusieurs bataillons d’esclaves avaient été anéantis. En mars, l’armée de Crassus rencontra en Lucanie Spartacus et le gros de ses forces. Crassus sut donner aux siens l’élan nécessaire, les esclaves furent écrasés et Spartacus mourut dans le combat après avoir vendu chèrement sa vie.

Les bandes de survivants furent pourchassées et massacrées, par Crassus en Italie du Sud, et aussi par Pompée, qui rentrait d’Espagne, dans le Nord où il tua 5 000 fuyards. Crassus crucifia 6 000 prisonniers le long de la route du retour, de Capoue à Rome.

Les succès de Spartacus s’expliquaient assez bien par le fait que l’essentiel des armées romaines était occupé à des guerres lointaines, en Espagne et en Orient. Tôt ou tard, Rome ne pouvait manquer de se ressaisir. La révolte de Spartacus devait donc finir comme les précédentes. Il en demeura pour les Romains un souvenir terrible et pour les modernes un symbole de la révolte des opprimés contre l’injustice de leur sort.

Spartacus
(m. en 71 av. J.-C.) esclave révolté. Berger thrace, soldat déserteur repris et vendu comme esclave, il s'évada d'une école de gladiateurs de Capoue (73 av. J.-C.), entraînant avec lui un petit groupe de compagnons. Ils formèrent bientôt le noyau d'une armée de 30 000 puis de 100 000 esclaves révoltés qui vainquit plus. fois les troupes romaines. Crassus l'écrasa en Lucanie du N., où Spartacus fut tué. 6 000 prisonniers furent crucifiés sur la route de Capoue à Rome.
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Spartakus ou fr. Spartacus
(groupe) fraction du parti social-démocrate allemand (S.P.D.), dirigée par Karl Liebknecht et Rosa Luxemburg, qui reprochait au S.P.D. d'avoir opté pour la guerre de 1914. En déc. 1918, elle se transforma en un parti communiste de type soviétique, qui, malgré la faiblesse de ses troupes et contre l'avis de ses deux dirigeants, déclencha une insurrection, aussitôt écrasée (janv. 1919).

Encyclopédie Universelle. 2012.

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